Rénover une maison des années 1970 pour la rendre basse consommation est un projet ambitieux mais réaliste, à condition de combiner stratégie architecturale, choix de matériaux performants et budget bien encadré. Ces maisons, souvent bien situées et dotées de volumes intéressants, souffrent généralement de déperditions thermiques importantes, d’un confort thermique inégal et d’installations techniques obsolètes. L’enjeu est de transformer un bâti énergivore (souvent classé E, F ou G) en logement économe et confortable, en visant une consommation de 60 à 90 kWh/m².an après travaux.
Comprendre les spécificités des maisons des années 1970
Le parc de logements construits dans les années 1970 présente un certain nombre de caractéristiques récurrentes :
- Murs en parpaings de béton creux de 20 cm ou briques creuses, parfois doublés en intérieur par une fine lame d’air et 2 à 4 cm d’isolant.
- Toitures généralement en charpente traditionnelle ou fermettes avec comble perdu faiblement isolé (5 à 10 cm de laine minérale à l’origine, souvent tassée ou devenue peu efficace aujourd’hui).
- Planchers bas sur vide sanitaire ou terre-plein rarement isolés.
- Menuiseries simple vitrage bois ou aluminium non isolé, puis parfois remplacées par du double vitrage ancien génération.
- Systèmes de chauffage majoritairement au fioul ou au gaz, parfois radiateurs électriques à convecteurs, sans régulation fine.
Ces caractéristiques se traduisent par des consommations de l’ordre de 220 à 350 kWh/m².an pour le chauffage, voire davantage dans les zones froides. L’objectif d’une rénovation basse consommation est de diviser par 2 à 4 ces consommations.
Objectif : de la maison standard à la maison basse consommation
En France, une maison neuve basse consommation (type BBC) se situe autour de 50 kWh/m².an d’énergie primaire (hors usages électroménagers), avec une modulation selon la zone climatique. En rénovation, atteindre exactement ce niveau est plus complexe et rarement économiquement optimal, mais il est courant de viser :
- Un besoin de chauffage après travaux compris entre 40 et 70 kWh/m².an.
- Une classe énergétique DPE entre B et C, selon le contexte.
- Un niveau d’isolation permettant un confort d’été satisfaisant (inertie, protections solaires, ventilation adaptée).
La démarche consiste à traiter en priorité l’enveloppe (murs, toiture, menuiseries, planchers) avant de remplacer ou dimensionner le système de chauffage. Une enveloppe performante permet, à puissance installée égale, de réduire fortement les consommations et d’offrir plus de confort.
Stratégies architecturales globales
Avant de parler matériaux, il est important de définir une stratégie architecturale :
- Analyser l’orientation et les apports solaires : valoriser les façades sud pour les pièces de vie, limiter les ouvertures à l’ouest et au nord, ajouter éventuellement une baie vitrée au sud accompagnée de protections solaires (casquette, brise-soleil, végétation caduque).
- Améliorer la compacité : sur des maisons très découpées (extensions, avancées non isolées), envisager une isolation thermique par l’extérieur (ITE) englobant l’ensemble pour réduire les ponts thermiques.
- Repenser la distribution intérieure : regrouper les pièces chauffées, réduire les circulations froides (entrées, garages attenants), créer des sas thermiques (porches, vérandas isolées) si pertinent.
- Travailler la lumière naturelle : agrandir certaines ouvertures bien orientées, ajouter des puits de lumière ou des fenêtres de toit performantes, sans multiplier les percements sur les façades nord.
Ces choix architecturaux, intégrés dès l’amont du projet avec un architecte ou un maître d’œuvre, conditionnent l’efficacité globale de la rénovation.
Isolation de l’enveloppe : murs, toiture, planchers
La réduction des déperditions passe par l’amélioration du « R » (résistance thermique) des parois. La relation de base est la suivante :
R (m².K/W) = épaisseur de l’isolant (m) / lambda (W/m.K)
U (W/m².K) = 1 / R
Un objectif courant en rénovation performante est :
- Toiture : R entre 6 et 8 m².K/W.
- Murs : R entre 3,5 et 5 m².K/W.
- Plancher bas : R entre 3 et 4 m².K/W.
Isolation de la toiture
C’est souvent le poste le plus rentable, car environ 25 à 30 % des pertes se font par le toit.
- Isolation en combles perdus (soufflage de ouate de cellulose, laine de verre ou laine de roche) : 30 à 40 cm pour R ≈ 7 à 9 m².K/W. Coût indicatif : 25 à 45 €/m² TTC posé.
- Sarking (isolation par l’extérieur de la toiture) lors du remplacement de la couverture : panneaux rigides en polyuréthane, laine de bois, etc. Coût : 120 à 200 €/m² (isolation + couverture), selon matériau et complexité.
Isolation des murs
Deux grandes options :
- Isolation thermique par l’extérieur (ITE) :
- Matériaux courants : polystyrène expansé, laine de roche, panneaux de fibres de bois, enduits ou bardages (bois, métal, composite).
- Epaisseurs typiques : 12 à 20 cm selon lambda.
- Coût : 130 à 220 €/m² TTC posé (isolation + finition), selon matériau et finitions.
- Avantages : traitement des ponts thermiques, préservation de la surface intérieure, amélioration de l’étanchéité à l’air.
- Isolation par l’intérieur (ITI) :
- Doublages en ossature métallique + laine minérale ou panneaux biosourcés (laine de bois, laine de chanvre).
- Epaisseur courante : 10 à 16 cm.
- Coût : 60 à 110 €/m² TTC posé.
- Inconvénients : perte de surface, ponts thermiques aux planchers et refends.
Isolation du plancher bas
- Plancher sur vide sanitaire accessible : pose de panneaux isolants sous dalle ou sous plancher (polyuréthane, laine minérale, liège, etc.). Coût : 40 à 90 €/m² TTC.
- Terre-plein : isolation par le dessus lors d’une rénovation lourde (dépose du revêtement, ragréage, isolant + chape). Coût : 80 à 150 €/m² TTC.
Pour évaluer la réduction des déperditions après isolation, on utilise :
P = U × S × ΔT
Avec P : puissance de déperdition en watts, U : coefficient de transmission de la paroi (W/m².K), S : surface (m²), ΔT : différence de température intérieur/extérieur (K). Une diminution de U par 2 réduit instantanément les pertes de moitié pour la paroi considérée.
Menuiseries et étanchéité à l’air
Les fenêtres d’origine des années 1970 sont très pénalisantes. Le remplacement par des menuiseries performantes est souvent justifié, mais doit s’inscrire dans une stratégie globale d’étanchéité et de ventilation.
- Performances à viser :
- Double vitrage performant : Uw < 1,4 W/m².K.
- Triple vitrage pertinent dans les zones froides ou pour certaines expositions, en tenant compte du confort d’été.
- Matériaux :
- PVC : bon rapport qualité/prix, faible entretien, bonne performance thermique.
- Bois : matériau renouvelable, bonne isolation, esthétique mais nécessite un entretien.
- Aluminium à rupture de pont thermique : plus cher, adapté aux grandes baies.
- Budget : 450 à 900 € TTC par fenêtre standard (pose comprise), selon matériau, dimensions et niveau de performance.
L’étanchéité à l’air joue un rôle majeur dans les consommations. Une rénovation ambitieuse intègre :
- La reprise des points singuliers (jonctions murs/toiture, menuiseries, traversées de parois).
- L’utilisation de membranes continues et de bandes adhésives spécifiques.
- Idéalement un test de porte soufflante (blower-door) pour mesurer et corriger les fuites.
Chauffage, eau chaude et ventilation
Une fois l’enveloppe améliorée, la puissance de chauffage nécessaire diminue sensiblement. À titre indicatif, un pavillon des années 1970 peut passer d’un besoin de 80 à 120 W/m² avant travaux à 30 à 50 W/m² après rénovation performante.
Chauffage
- Pompe à chaleur air/eau : adaptée à une maison rénovée, en relève ou remplacement d’une chaudière existante. Coût : 10 000 à 18 000 € TTC posé.
- Chaudière gaz à condensation : option si le gaz est déjà présent. Coût : 5 000 à 9 000 € TTC posé.
- Poêle à bois ou granulés : système d’appoint ou principal pour des maisons compactes. Coût : 3 000 à 8 000 € TTC.
Eau chaude sanitaire
- Chauffe-eau thermodynamique : 2 500 à 4 500 € TTC.
- Chauffe-eau solaire individuel (en complément) : 4 000 à 7 000 € TTC, à envisager si la toiture est bien orientée.
Ventilation
- VMC simple flux hygroréglable : solution la plus courante en rénovation. Coût : 1 500 à 3 000 € TTC.
- VMC double flux : plus chère (5 000 à 10 000 € TTC), elle devient intéressante quand l’étanchéité à l’air est très soignée et le climat plutôt froid.
Budget : fourchettes de prix pour une maison des années 1970
Pour une maison des années 1970 de 100 m² de surface habitable, le coût d’une rénovation visant une basse consommation se situe le plus souvent entre 600 et 1 000 €/m² TTC, soit :
- 60 000 à 100 000 € TTC pour un bouquet de travaux complet (isolation, menuiseries, chauffage, ventilation, quelques améliorations architecturales).
Répartition indicative pour une maison de 100 m² :
- Isolation toiture : 3 000 à 8 000 €.
- Isolation murs (ITE ou ITI) : 15 000 à 35 000 € selon technique et surfaces.
- Isolation plancher bas : 4 000 à 10 000 €.
- Menuiseries extérieures : 8 000 à 20 000 € selon nombre et gamme.
- Chauffage + eau chaude : 8 000 à 20 000 €.
- Ventilation (VMC) : 1 500 à 8 000 €.
- Aménagements architecturaux (ouvertures, redistribution intérieure, protections solaires) : 5 000 à 20 000 € selon l’ampleur.
Pour estimer un budget personnalisé, une formule simplifiée peut être utilisée en première approche :
Budget total ≈ Surface habitable × Coût moyen au m²
Avec un coût moyen au m² compris entre 600 et 1 000 €/m² pour une rénovation énergétique ambitieuse. Par exemple, pour 120 m² :
Budget estimatif = 120 m² × 800 €/m² ≈ 96 000 € TTC.
Ce chiffrage doit ensuite être affiné par lots (isolation, menuiseries, chauffage, etc.) et par devis détaillés.
Phasage des travaux et priorisation
Tout le monde ne peut pas financer une rénovation globale d’un seul tenant. Il est alors utile de planifier les étapes selon le rapport coût/efficacité :
- Étape 1 : toiture et combles – priorité n°1 pour réduire les déperditions rapidement et à coût raisonnable.
- Étape 2 : menuiseries et étanchéité à l’air – amélioration du confort hiver/été et préparation à une ventilation performante.
- Étape 3 : isolation des murs – poste lourd mais essentiel pour viser une basse consommation.
- Étape 4 : plancher bas – à réaliser en parallèle d’autres travaux (rénovation de sol par exemple).
- Étape 5 : chauffage, eau chaude et ventilation – à adapter au nouveau niveau de performance de l’enveloppe.
Une rénovation bien pensée d’une maison des années 1970 permet, en combinant ces stratégies architecturales, matériaux performants et investissements adaptés, de réduire fortement les factures d’énergie, d’augmenter la valeur du bien, tout en offrant un meilleur confort thermique et acoustique au quotidien.

